Croix
Depuis 1936,[1] les Témoins de Jéhovah considèrent que Jésus Christ est mort sur un poteau et non sur une croix. Ce point de vue a été officialisé dans le livre Richesses.[2] Partant du principe que la croix est un symbole païen, ils considèrent avoir purifié leur mouvement d'une erreur doctrinale et d'une idolâtrie contraire aux Saintes Écritures.[3][4][5]
Le premier argument des Témoins de Jéhovah pour ce changement est d'ordre étymologique; le terme grec σταυροσ, traduit dans nos bibles par "croix" aurait comme signification principale "poteau". Le second vient du fait que les Romains auraient bien utilisé ce mode d'exécution, et ce aux temps de Jésus. Les sources qu'ils utilisent datent néanmoins du XIXème siècle ou du début du XXème. Il s'agit notamment du dictionnaire de William Edwy (Edwin) Vine (1940), d'un ouvrage de Hermann Fulda (1878), d'un ouvrage du spirite John Denham Parsons (1898) et du dictionnaire The Companion Bible de Ethelbert William Bullinger (1909-1922) qui est la première source citée par le mouvement dans la revue L'Age d'Or en novembre 1935.[6]
Sommaire
Sens étymologiques
Pour analyser la pertinence des arguments des Témoins de Jéhovah, il faut détailler les passages bibliques ainsi que l'étymologie des termes utilisés dans ces passages.
Étymologie des termes bibliques
ets (hébreu)
Dans le livre d'Esther, Mardochée est menacé d'être attaché (talah en hébreu) à un arbre ou bois (ets en hébreu) par les Perses jusqu'à la mort (<citebible>Esther 2:23; 5:14</citebible>).
Stauros (grec)
En se basant sur <citebible>Matthieu 27:40</citebible>, les Témoins de Jéhovah citent plusieurs biblistes, dont Vine sur le mot grec stauros et signalent que le mot grec rendu par "croix" dans ce passage (σταυροσ) dans différentes traductions de la Bible emporte comme sens premier celui de "poteau".[7][8] Ils reconnaissent néanmoins que ce mot grec a fini par représenter la croix, mais datent indirectement ce glissement sémantique en citant Vine qui pense que cela eu lieu au IIIème siècle de notre ère, notamment au temps de l'Empereur Constantin.[9][10]
Néanmoins, un philosophe romain du IIème siècle de notre ère (117-180) dénommé Lucien de Samosate montra, dans une discussion sur la lettre Tau (notre T), que ce glissement sémantique était beaucoup plus vieux. Voici ce qu'il écrivit dans Le jugement sur les voyelles:[11]
- « Les hommes gémissent, se désolent, et maudissent souvent Cadmus lui-même d'avoir introduit le Tau dans la famille des lettres. Ils disent que c'est à son image, que c'est à l'imitation de sa figure que les tyrans ont fait tailler le bois sur lequel ils les mettent en croix (25). C'est de lui, en effet, qu'on a donné ce nom sinistre à cette sinistre invention. Or, pour tous ces forfaits, de combien de maux le jugez-vous digne? Quant à moi, je ne sais qu'un supplice qui puisse égaler ses crimes, c'est qu'il soit attaché à sa propre figure, puisque c'est sur lui que les hommes ont pris modèle pour fabriquer la croix (stauros dans le texte original), et que c'est de lui qu'ils l'ont ainsi nommée. »
De même, dans un dialogue entre Vulcain et Mercure sur le sort de Prométhée dans son texte Prométhée ou le Caucase, Lucien précise aussi le sens du verbe anastaurou qui a la même racine que stauros:
- « Mais, si tu veux bien, attachons-le (anestaurusthai) à une hauteur moyenne, ici, au-dessus de ce précipice, les mains étendues, l'une sur ce rocher, l'autre sur celui qui est en face. »
Ainsi, les mains de Prométhée forment bien une croix et le texte fait dire à Mercure:[12]
- « Tu as raison. Ces roches sont escarpées, inaccessibles et pendantes de tous côtés: ce précipice n'offre qu'une place étroite où l'on puisse poser le pied; à peine s'y peut-on tenir sur la pointe: nous ne saurions trouver de croix plus commode. Allons, Prométhée, pas de retard: monte ici, et laisse-toi de bonne grâce clouer à cette montagne. »
Ironiquement, dans l'appendice de leur Bible, la Traduction du Monde Nouveau, tant dans l'édition de 1950 (p. 769) que dans celle de 1984 en anglais (p. 1577), les Témoins de Jéhovah citent ce passage de Lucien pour tenter de prouver que le verbe anastaurou était simplement utilisé comme synonyme de "clouer", faignant d'oublier la manière dont Prométhée était cloué sur le rocher dans ce passage, c'est-à-dire les bras en croix. Néanmoins, en dehors de ces deux publications, il ne semble pas que l'argument ait été repris depuis par le mouvement. En 1951, lorsqu'un lecteur leur signala le problème, les Témoins de Jéhovah le renvoyèrent à un livre de 1900, d'un certain Paul Carus, qui avait l'originalité de représenter Prométhée attaché sur un poteau, tout comme les Témoins de Jéhovah l'interprétaient; néanmoins cette réponse ne tenta pas néanmoins d'analyser le texte de Lucien en dehors de l'étymologie du verbe anastaurou.[13]
Xylon ou Xulon (grec)
Ce mot est utilisé par les apôtres Pierre et Paul pour désigner l'instrument de torture sur lequel Jésus est mort (<citebible>Actes 5:30; 10:39; 13:29</citebible>; <citebible>Galates 3:13</citebible>; <citebible>1 Pierre 2:24</citebible>). Les Témoins de Jéhovah font remarquer que ce terme signifie "bois" ou "poteau", comme dans le Réveillez-vous! du 22 janvier 1975, page 28, article "Jésus est-il mort sur une croix ?":
- « Pour traduire Deutéronome 21:22, 23 ("poteau") et Esdras 6:11 ("poutre de bois"), les traducteurs de la Version des Septante ont utilisé le mot grec xylon, terme que Paul a employé dans Galates 3:13. Pierre l'a également utilisé quand il a écrit que Jésus a "porté nos péchés en son propre corps, sur le poteau". (I Pierre 2:24.) En réalité, ce mot xylon apparaît plusieurs autres fois pour désigner le "poteau" sur lequel Jésus a été cloué (Actes 5:30 ; 10:39 ; 13:29). Ce mot grec, comme le terme hébreu, signifie généralement "bois". Ainsi, rien ne permet d’affirmer que dans le cas du supplice de Jésus ce terme désignait un poteau avec une traverse horizontale. »
Le sens de "poteau" retenu ici constitue en fait une interprétation restreinte de la part des rédacteurs jéhovistes, car ce mot a plusieurs sens: bois, arbre, branches, unité de mesure, ou instruments de torture comme dans les écrits d'Aristophane ou d'Hérodote (pilori, poteau ou croix par exemple). Il a été utilisé en Galates 3:13 pour faire un lien prophétique avec <citebible>Deutéronome 21:22</citebible>.
Termes utilisés dans la littérature profane ou par les chrétiens latins
skolops (grec)
Ce terme désigne un pieu ou un poteau en grec servant à l'empalement, c'est-à-dire destiné à transpercer le corps du supplicié de bas en haut.[14] Dans le même ordre d'idée, le verbe qui en dérive aneskolopise désigne chez plusieurs auteurs grecs l'empalement. Néanmoins, avec le temps et chez un auteur du IIème siècle de notre ère comme Lucien de Samotase, ce verbe fut associé à la crucifixion sur un T ou Tav.
Patibulum (latin)
Il a comme sens originel celui de "barre horizontale de soutien d'une porte"; par extension, il en est venu à signifier l'instrument de supplice mis sur le dos des esclaves punis par leur maîtres, instrument qu'ils devaient transporter à travers la ville en se faisant flageller, les mains attachées et étendues à celui-ci, les empêchant de se protéger des coups. Par la suite, le patibulum a été lié au supplice de la croix, pour finir par désigner celle-ci dans son entier aux environ du milieu du 1er siècle [15] L'utilisation et le sens de ce terme sont attestés plusieurs siècles avant Jésus Christ, comme par exemple dans les écrits de Plaute (254–184 av J.C). Dans Miles Gloriosus, celui-ci fait dire à Palaestrio, l'un de ses personnages: "Te voilà dans la bonne posture pour marcher dans un instant à la porte de la ville, les deux mains en croix et le carcan au col". L'expression en italique peut être traduite littéralement à partir du latin par: "tes mains étendues sur le patibulum".[16]
Dans un autre texte, Plaute fait la différence entre le patibulum qui devait être porté par le supplicié, et la croix sur laquelle ce supplicié était finalement attaché.[17]. Quelques siècles plus tard, un auteur comme Plutarque utilisa le mot grec stauros de la même manière qu'un auteur romain aurait utilisé patibulum en latin.[18]
Crux (latin)
Pour désigner l'instrument de la crucifixion, les romains utilisaient le mot latin crux, et la crucifixion était attestée bien avant la naissance de Jésus. Afin d'être cohérents avec leur théorie, les Témoins de Jéhovah doivent croire que ce mot désignait un simple poteau et seulement cela au moment de la mise à mort de Jésus.
Selon eux, Tite-Live aurait utilisé le mot crux dans le sens de "poteau". [19] Néanmoins, ils ne fournissent ni la citation de Tite-Live, ni l'ouvrage qui affirmerait ces propos. Après quelques recoupements, il s'agit en fait de l'ouvrage de John Denham Parsons au chapitre 2 qu'ils citent par ailleurs;[20] celui-ci donne comme référence le chapitre 28 paragraphe 29 de Histoire romaine de Tite-Live. Or, dans ce passage, Tite-Live n'utilisa pas crux mais palos ce qui signifie "poteau".[21] Il s'agit donc d'une grossière erreur des auteurs jéhovistes par l'intermédiaire de Parsons, puisque Tite-Live n'a pas utilisé le mot crux dans le sens de "poteau".
Indices bibliques
Plusieurs versets bibliques sont souvent évoquées sur ce sujet pour en déduire le mode d'exécution de Jésus:
Deutéronome 21:22, 23 cité en Galates 3:13
Deutéronome 21:22, 23:
- « Si l'on fait mourir un homme qui a commis un crime digne de mort, et que tu l'aies pendu à un bois,son cadavre ne passera point la nuit sur le bois (hébreu ets - Traduction du Monde Nouveau: poteau); mais tu l'enterreras le jour même, car celui qui est pendu est un objet de malédiction auprès de Dieu, et tu ne souilleras point le pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne pour héritage. »
Galates 3:13:[22]
- « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous-car il est écrit: Maudit est quiconque est pendu au bois (grec xulon - Traduction du Monde Nouveau: poteau)" »
Dans ce passage de Galates, il s'agit plus d'une signification théologique que physique, puisque Jésus n'a pas été pendu, mais fixé sur son instrument de supplice. Les termes tant hébreu (ets) que grec (xulon) ne sont pas assez précis pour désigner la forme de l'instrument d'exécution, chacun pouvant se rapporter à une foultitude d'instruments composés de bois, y compris un vulgaire arbre. La traduction "poteau" est donc orientée, tandis que la traduction "bois" fait par contre bien ressortir l'impossibilité de savoir sur quoi exactement le condamné est pendu. De plus, la coutume juive reliée à Deutéronome 21:22 prévoyait que les condamnés soient tués par lapidation puis attachés ensuite au bois après leur mort, comme le montre en exemple le contexte du verset; or, Jésus est mort sur le gibet et non avant d'avoir été fixé sur celui-ci.
Deutéronome 21:20,21:[23]
- « Ils diront aux anciens de sa ville: "Voici notre fils qui est indocile et rebelle, qui n'écoute pas notre voix, et qui se livre à des excès et à l'ivrognerie". Et tous les hommes de sa ville le lapideront, et il mourra. Tu ôteras ainsi le mal du milieu de toi, afin que tout Israël entende et craigne. »
Jean 20:25
<citebible>Jean 20:25</citebible> rapporte les propos du disciple Thomas après la résurrection de Jésus. Ce disciple dit qu'il veut voir la marque des clous dans les mains de Jésus, écartant ainsi la possibilité d'un seul clou planté dans les mains de celui-ci, tel que le représentent les Témoins de Jéhovah pour qui il fut cloué sur un poteau. Ce texte s'harmonise donc avec l'idée d'un Jésus crucifié avec un clou dans chaque mains, ce qui donne plusieurs clous en tout; néanmoins, on peut aussi supposer que les Romains aient plantés plusieurs clous dans les mains de Jésus, même dans le cadre d'un poteau.
Matthieu 27:37
<citebible>Matthieu 27:37</citebible> déclare que, Jésus, lorsqu'il était sur son instrument de supplice, avait "posé au-dessus de sa tête" le titulum, c'est-à-dire l'écriteau sur lequel la raison de sa condamnation était écrite pour en informer les passants. Ce détail laisse à penser que Jésus est mort sur une croix, puisque le rédacteur biblique précise que l'écriteau se trouvait au-dessus de sa tête, et non de ses mains, ce qui aurait été le cas si un poteau avait été utilisé. Néanmoins, le terme grec epano, traduit par "au-dessus", ne signifie pas forcément "immédiatement au-dessus" mais aussi "plus haut", et peut donc être utilisé même avec un obstacle entre les deux objets qu'il relie, même si ce dernier sens contrevient à la façon naturelle dont on décrit ordinairement des choses placées dans le même axe vertical (il est évident que le rédacteur a précisé la partie du corps la plus proche de l'écriteau, sinon il aurait très bien pu préciser "au-dessus de ses pieds" ou "au-dessus de ses genoux" par exemple, ce qui aurait été assez surprenant).
Versets relatifs au portage de l'instrument de torture
À propos du fait que Jésus ait dû porter sa croix ou son poteau de supplice, il est admis par plusieurs textes anciens, dont le récit biblique, que les suppliciés du temps des Romains portaient sur leurs épaules le patibulum,[17] c'est-à-dire la partie transversale de la croix qui pouvait peser entre 37 et 55 kg.[24] Comme noté plus haut, l'un des textes de Plutarque indique qu'en grec stauros a pu remplacer en grec ce qui signifiait patibulum chez les auteurs latins.
Données historiques
Les auteurs classiques
Au IXème siècle avant J.C., Homère employa le terme stauros qui prit comme sens celui de pieu, dans L'Odyssée, chant 14, ligne 12:[25]
- « Et il le trouva assis sous le portique, en un lieu découvert où il avait construit de belles et grandes étables autour desquelles on pouvait marcher. Et il les avait construites, pour ses porcs, de pierres superposées et entourées d'une haie épineuse, en l'absence du Roi, sans l'aide de sa maîtresse et du vieux Laertès. Et il avait planté au dehors des pieux [staurous en grec] épais et nombreux, en cœur noir de chêne et, dans l'intérieur, il avait fait douze parcs à porcs. »
Au Vème siècle avant J.C., Thucydides déclara dans son Histoire de la guerre du Péloponèse:
- « Inaros, ce roi des Libyens, l'instigateur des troubles de l'Égypte, il fut pris par trahison et empalé [anestaurotheen grec]. »[26]
À l'époque de Jésus Christ, Sénèque le Jeune (4 av.JC - 65 ap. JC) écrivit:
- « Je vois chez les tyrans des croix de plus d'une espèce, variées à leur fantaisie: l'un suspend ses victimes la tête en bas; l'autre leur traverse le corps d'un pieu qui va du tronc à la bouche, d'autres leur étendent les bras à une potence [alii brachia patibulo explicuerunt en latin]. »[27]
Sur les tortures avant la crucifixion
Denys d'Halicarnasse, historien grec du Ier siècle avant J.C., déclara dans son recueil Les antiquités romaines à propos d'esclaves qui s'étaient rebellés:
- « Après avoir été flagellés et torturés, tous furent crucifiés. »[28]
Dans le même ordre d'idée, il décrivit le périple d'un esclave condamné par son maître romain dans toute la ville, attaché les bras étendus à une poutre, torturé et "emmené jusqu'à son lieu de punition".[29]
Sur le portage du patibulum
Dans les Bacchides, Plaute fit dire à l'esclave Chrysalus, qui craignait la punition de son maître s'il se faisait prendre dans ses fourberies: Facietque extemplo Crucisalum me ex Chrysalo. Il s'agit d'un jeu de mot intraduisible, qui veut dire littéralement: "Il va littéralement me changer de 'porteur d'or' (chrysalo), en 'porteur de croix'(crucisalum)". Ce passage évoque le port de la croix, en tout cas de sa traverse sur le lieu d'exécution.[30]
Les Pères de l'Église
Ier siècle de notre ère
L'épitre de Barnabé est datée de la fin du Ier siècle, au plus tard d'avant 135 de notre ère. Prétextant qu'Abraham avait circoncis 18 et 300 membres de sa maison, l'auteur de l'épitre explique (Épitre de Barnabé 9:8):[31]
- « 8 L'Écriture dit en effet: " Abraham circoncit les hommes de sa maison au nombre de 18 et 300 . De quel mystère reçut-il donc la connaissance? Remarquez qu'on nomme d'abord les dix-huit, et après un intervalle les trois cents. Dix-huit, c'est: dix, iota, huit, êta --ce qui fait I H = Jésus. Et comme la croix (σταυρὸς - grec: stauros) en forme de tau est source de la grâce,on ajoute encore trois cents = T'. Jésus est désigné par les deux lettres, la croix par la seule troisième. »
Dans le même ordre d'idée, voici ce qui est dit au chapitre 12:2:[31]
- « Dieu parla encore à Moise lorsque Israël était à se défendre contre les tribus étrangères; il lui remémora que cette guerre même était le signe de la mort qu'ils méritaient à cause de leurs péchés. L'Esprit-Saint inspira à Moïse une attitude figurant la croix et Celui qui devait y souffrir, car voilà le sens du geste: moins d'espérer en cette croix, ils seraient livrés à une guerre éternelle. Moïse entassa donc boucliers sur boucliers au milieu du champ de bataille, et se plaçant sur le tas de façon à dominer les autres, il étendit les bras; (grec: ἐξέτεινεν τὰς χεῖρας - exeteinen tas cheiras) c'est ainsi qu'Israël reprit l'avantage. »
IIème siècle de notre ère
- Justin de Naplouse
Père de l'Église grec, Justin de Naplouse (100-168 de notre ère), évoqua la croix du Christ à plusieurs reprises dans son Dialogue avec Tryphon, notamment au chapitre 90:4,5:
- « Quand le Peuple fit la guerre contre Amalek et que le fils de Nun, Josué dirigea la lutte. Moïse en personne pria Dieu, étendant ses mains (grec: tas cheiras echateros echpetasas) et Hur et Aaron les soutenaient toute la journée afin qu'elles ne tombent pas quand il était fatigué. En effet s'il renonçait à faire ce signe, qui était une imitation de la croix (grec: stauron), le peuple était battu, comme il est dit dans les écrits de Moïse; mais s'il restait dans cette position, Amalek était battu, et celui qui prenait le dessus, le prenait par la croix (grec: staurou). »[32][33]
Voici également ce qui est dit au chapitre 40:[32][34]
- « De même la prescription de faire rôtir l'agneau tout entier: C'était un symbole de la souffrance sur la croix (grec: tou patous tou staurou) dont Christ devait souffrir. L'agneau qui est rôti, est rôti et préparer en forme de croix (grec: stauros): l'une des broches dressées le transperce des membres inférieurs jusqu'à la tête, l'autre passe au travers du dos, sur laquelle on fixe les pattes de l'agneau. »
Dans le livre I, chapitre 55, de son recueil Apologie, il est on ne peut plus clair sur ce sujet:[35]
- « Mais ils ne pensèrent jamais à contrefaire dans aucun des prétendus fils de Jupiter le supplice de la croix. En effet, cela ne leur vint pas en idée, parce que tout ce qui en avait été dit l'avait toujours été sous le voile du symbole. Cette croix est le signe principal, le caractère particulier de la force et de la puissance, comme parle le prophète. C'est une vérité dont vous trouvez la preuve dans les objets qui tombent continuellement sous vos sens. Car, veuillez réfléchir un instant, et voyez si dans ce monde on peut rien faire sans ce signe, si sans lui le moindre commerce est possible entre les hommes? Peut-on fendre les ondes sans que, formé de la vergue et du mât, il brille comme un trophée? Peut-on tracer un sillon sans la croix de la charrue? Tous vos pionniers, comme au reste tous les artisans et tous les manœuvres, ne peuvent travailler sans des instruments qui affectent sa forme. L'extérieur même de l'homme ne diffère de celui des animaux que parce que son corps se tient droit et qu'il peut étendre les mains en croix (ἔκτασιν χειρῶν). Et ce nez, proéminent organe de la respiration vitale, ne trace-t-il pas encore une croix au milieu du visage? Aussi le prophète a-t-il dit: "Le souffle de notre face est le Christ notre Seigneur. Les étendards et les enseignes qui partout précèdent vos pas, ce sont encore des images de la croix, et c'est cela qui, sans que vous vous en doutiez, en fait les signes et les marques de votre puissance et de votre autorité. Bien plus, quand vos empereurs sont morts, c'est avec cette forme de croix que vous consacrez leurs images et que vous leur décernez dans vos inscriptions les honneurs de la divinité. Vous le voyez, nous vous avons montré partout la puissance de ce signe; restez maintenant incrédules, nous n'aurons rien à nous reprocher, car nous avons fait et accompli tout ce qui était en nous. »
Pareillement, au livre I, chapitre 60, il compara la croix au X (panti) de Platon:[36]
- « Et quand, dans le Timée, Platon cherchant, à l'aide des lumières naturelles, ce qu'est le fils de Dieu, dit: "Qu'il l'a imprimé en X partout", c'est encore une idée qu'il a empruntée à Moïse. Car nous lisons dans Moïse qu'au temps où les Israélites traversaient le désert après la sortie d'Égypte, ils furent assaillis par des animaux venimeux, des vipères, des aspics, des serpents de tout genre qui dévoraient le peuple. Alors Moïse , par l'inspiration de Dieu et d'après ses ordres, prit de l'airain, en fit une croix, et l'ayant placée sur le tabernacle, dit au peuple: "Regardez ce signe et croyez, et par lui vous serez sauvés." Et aussitôt tous les serpents périrent, et le peuple fut sauvé. Platon lut ce fait, et ne remarquant pas que ce signe était une croix, il crut que c'était seulement un X, et il dit "qu'après Dieu principe, la seconde vertu était imprimée en X dans tout l'univers". »
- Irénée de Lyon
Père de l'Église européenne ayant vécu entre 130 et 202 de notre ère, Irénée de Lyon a décrit la forme de la croix dans son traité Contre les Hérésies:[37]
- « La structure de la croix présente cinq extrémités, deux en longueur, deux en largeur et, au centre, une cinquième sur laquelle s'appuie le crucifié. »
- Tertullien
Père de l'Église africaine (160-240 de notre ère), Tertullien, écrivit en 197 après J.-C en latin dans L'Apologétique, au chapitre 12 2:[38]
- « Vous attachez les chrétiens à des croix (crucibis), à des poteaux (stipitibus). Quelle est la statue qui ne soit d'abord formée par l'argile appliquée à une croix (cruci) et à un poteau (stipiti)? C'est sur un gibet (patibulo) que le corps de votre dieu est d'abord ébauché! »
Dans Contre Marcion, il décrivit la croix:[39]
- « "Sa beauté est celle du taureau premier-né; ses cornes sont celles de l'oryx: avec elles il frappera les peuples et les chassera jusqu'aux extrémités de la terre." Je le demande, est-ce quelque animal puissant, ou quelque monstre fabuleux, que présage cet emblème? Non, sans doute. Ce taureau mystérieux, c'est Jésus-Christ, juge terrible pour les uns, rédempteur plein de mansuétude pour les autres. Ces cornes, ce sont les extrémités de la croix, car dans l'antenne d'un navire, qui figure une partie du bois sacré, on donne le nom de cornes à ses extrémités. Enfin l'oryx, à la corne unique, désigne le tronc de l'arbre sur lequel il s'étendra. »
Dans le même livre, au chapitre 19, il décrivit la manière dont Jésus a porté sa croix:[39]
- « Mais qu'y a-t-il là de nouveau, s'il ne désigne pas le Fils de Dieu qui porte "sur ses épaules le signe de sa domination?" Parle! où est le monarque qui. porte sur ses épaules le signe de la domination, au lieu d'un diadème sur sa tête, ou d'un sceptre à sa main, ou de quelque marque distinctive dans ses habits? Mais le roi nouveau des âges nouveaux a seul porté sur ses épaules la puissance d'une nouvelle gloire et la preuve de sa grandeur. c'est-à-dire la croix, afin que, conformément à la prophétie précédente, "il régnât par le bois". »
Dans Aux Nations, au chapitre 12, il donna également une description précise de la croix: [40]
- « Tout poteau (crucis stipite) dressé en l'air est la moitié d'une croix, et même la moitié la plus forte. Vous nous reprochez d'adorer une croix complète (tota crux) avec son antenne (antemna) et sa partie supérieure. A merveille. Vous êtes par là même d'autant moins excusables d'adorer un bois mutilé et incomplet, tandis que les autres le consacrent dans la plénitude de sa forme. Mais que dis-je? Votre religion tout entière réside dans la croix, ainsi que je vous le montrerai. Ignorez-vous donc que toutes les statues de vos dieux et de vos déesses ne sont dans l'origine qu'une croix? En effet, tout simulacre, qu'il soit taillé dans le bois ou sur la pierre, qu'il soit coulé en airain, ou produit avec une matière plus riche encore, doit avoir passé auparavant par les mains du modeleur. Or, le modeleur commence par dresser le bois de la croix, parce que la croix est la ligne et l'attitude qu'affecte le corps humain à notre insu. Ce qui est la tête domine; ce qui est l'épine se prolonge, ce qui est le niveau des épaules. . . . . Faites une figure d'homme les bras étendus (hominem manibus expansis), vous avez la croix. »
Le staurogramme
Dans plusieurs manuscrits du Nouveau Testament datés du IIIème siècle de notre ère (P66, P75 et P45), les différents scribes de ces manuscrits ont parfois remplacé le terme grec stauros, qui désigne l'instrument de supplice du Christ, par un symbole appelé "staurogramme" par des spécialistes tels que Larry W. Hurtado, professeur de Nouveau Testament à l'Université d'Édimbourg.
Données archéologiques
(à compléter)
Données scientifiques et médicales
Poids et taille de l'instrument
Il apparaît qu'il était impossible pour un condamné à mort de porter un poteau de supplice jusqu'au lieu de l'exécution. En effet, le poteau devait être imposant au niveau de ses dimensions et de son poids. Il est possible de définir approximativement sa longueur comme suit, en imaginant des longueurs les plus petites possibles:
- 1 m: longueur enfouie en terre pour qu'il tienne au sol et soit capable de soutenir un corps d'environ 80 kg;
- 10 cm: entre le sol et les pieds du supplicié;
- 1,80 m: taille du supplicié;
- 30 cm: longueur des bras étendus;
- 10 cm: entre les mains du supplicié et l'écriteau;
- 20 cm: hauteur de l'écriteau comportant une inscription en trois langues qui puisse être lisible par les passants.
Cela fait donc un total de 3,50 m pour la longueur minimum du poteau. À ceci s'ajoute le fait qu'un supplicié devait pouvoir être fixé dessus, autrement dit que le poteau ait une circonférence telle qu'il offre une surface suffisante pour que les clous puissent s'enfoncer et maintenir le supplicié, ce qui indique un diamètre du poteau d'environ 30 cm. Ainsi, on arrive à un volume équivalent à 0,247275 m3 (volume d'un cylindre: hauteur x rayon² x π = 3,50 x 0,15² x 3,14).
Pour calculer la masse du poteau, il faudrait savoir quel bois fut utilisé pour l'exécution, sachant que la masse volumique varie aussi en fonction de l'essence, de la partie du bois utilisée et de la teneur en eau qui peut aller de 0 à 50% suivant les espèces. Il est raisonnable de penser que le bois utilisé pour mettre à mort Jésus était un bois commun en Israël à l'époque, tels que le chêne ou le pin. On arrive donc facilement à une masse de plus de cent kilos pour le poteau de supplice:
Dès lors se pose la question: comment un condamné à mort aurait-il pu transporter un rondin de bois aussi gigantesque et lourd, affaibli après une flagellation, sur les dizaines de mètres de dénivellement menant au Golgotha, à travers les ruelles étroites de la ville, parmi la foule de personnes qui se rendait à l'exécution? Même les champions d'haltérophilie, qui arrivent à soulever des poids très lourds, n'y parviennent que pendant quelques secondes et grâce à un entrainement intensif pendant des années; ce n'était bien sûr pas le cas des malheureux condamnés à mort à l'époque du Christ... De plus, au niveau physique, il est impossible de tirer un poteau posé sur l'épaule, car celui-ci aura tendance, à cause du poids, à repousser en arrière la personne qui le porte, et rapidement il deviendra nécessaire de se retourner et, pour pouvoir déplacer le poteau, abaisser la hauteur de celui-ci afin de réduire au maximum l'angle formé au sol par le poteau, à moins carrément de ramper à terre. Mais cela sera impossible en station debout. C'est donc là l'aporie devant laquelle la Watch Tower est confrontée: selon sa doctrine, il fallait que le poteau soit suffisamment léger pour avoir été transporté sur une bonne distance par un seul homme adulte déjà affaibli, et en même temps qu'il soit suffisamment lourd et imposant pour pouvoir supporter le poids de cet homme pendu en l'air. Voilà pourquoi les publications jéhovistes ne contiennent généralement pas d'illustrations du portage du poteau: tout simplement parce que cela donnerait une idée de la taille de celui-ci et mettrait à mal leur théorie. Le livre Le plus grand homme de tous les temps et La Tour de Garde du 1er janvier 2001, page 12, offrent deux illustrations dans lesquelles la longueur réelle du bois est masquée d'une manière ou d'une autre. Concrètement, le portage de l'instrument de torture par le condamné ne concernait pas la croix dans son intégralité, car la masse et les dimensions de celle-ci constituaient des facteurs rédhibitoires; seule la barre transversale faisait l'objet du portage, après quoi celle-ci était fixée au pieu se trouvant déjà sur le lieu de l'exécution. Or, selon le récit des Évangiles synoptiques (<CiteBible>Luc:23:26; Marc:15:21</CiteBible>), Jésus n'a pas été capable de transporter cette barre transversale puisqu'il a fallu réquisitionner Simon de Cyrène. Temps d'agonieDeux expériences à caractère scientifique et médicale intitulées "Les cinq plaies du Christ: étude anatomique et expérimentale" et "La Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ selon le chirurgien" ont été dirigées par le docteur chirurgien honoraire de l'Hôpital Saint-Joseph de Paris, Pierre Barbet. Ces expériences démontrèrent que, dans le cas d'un clouage sur un poteau, il était impossible de survivre au-delà de quelques minutes en étant attaché avec les bras à la verticale car l'asphyxie gagnait très rapidement le supplicié. En effet, le poids de corps entier étant soutenu par les bras étirés, cela occasionnait une hyper-expansion des poumons qui n'arrivaient plus à se remplir, d'où une rapide carence en oxygène dans le sang suivie d'une crampe des muscles respiratoires et d'une transpiration intense. Il aurait fallu, pour qu'il puisse reprendre son souffle, que le condamné parvienne à contracter ses poumons en levant les jambes, ce qui était déjà particulièrement difficile dans le cas d'une pendaison par les mains uniquement, mais quasiment impossible dans le cas où les pieds étaient également cloués au poteau. Voilà pourquoi le fait de briser les jambes des condamnés, pratique évoquée en <CiteBible>Jean 19:31,32</CiteBible>, accélérait la mort: une fois privé d'un appui et étant incapable de se soulever, le condamné finissait de s'asphyxier en quelques minutes.[41] Frederick T. Zugibe, professeur de pathologie à l'Université de Colombia et médecin légiste dans l'État de New York, a effectué de nombreuses recherches afin d'expliquer les causes de la mort par crucifixion. Bien qu'il ait contredit les arguments de Barbet[42] - selon lui, la mort ne résultait pas de l'asphyxie, mais d'un choc hypovolémique et traumatique -, il démontra 1/ que la personne clouée avec ses bras ouverts dans un angle d'environ 60 à 70° par rapport au tronc pouvait survivre pendant plusieurs heures;[43][44] 2/ qu'il était possible de clouer quelqu'un à une croix par les mains, et pas forcément par les poignets.[45] Ainsi, que la mort soit due à l'asphyxie, aux conséquences de la flagellation, au clouage, à la déshydratation, à l'épuisement ou à quoi que ce soit d'autre, le fait est que, dans le cas d'une mise à mort telle qu'elle est dépeinte dans les publications jéhovistes, le supplicié ne survivait que quelques minutes, tandis que la mise en croix permettait de prolonger l'agonie de plusieurs heures. Or, selon le récit biblique, Jésus avait non seulement la force de pouvoir parler à plusieurs reprises alors qu'il ne bénéficiait d'aucune aide divine (<CiteBible>Matthieu 27:46; Marc 15:34</CiteBible>), mais en plus il décéda après une agonie d'environ trois heures (<CiteBible>Luc 23:44-46</CiteBible>. Toujours selon la Bible, ce temps parut assez court à Ponce Pilate puisqu'il s'étonna qu'il soit déjà mort (<CiteBible>Marc 15:44</CiteBible>). Cela signifiait donc que les condamnés qui mourraient dans sa position avaient l'habitude de résister plus de trois heures, ce qui aurait été impossible dans le cas d'un clouage tel que défini par la Watch Tower. Autres éléments de réflexion
Méthodes employées par la Watch TowerCitations tronquées de la part du mouvementPour arriver à limiter le sens étymologique des mots utilisés dans la Bible ou à l'époque de Jésus, le mouvement a eu recours à des citations partielles et abusives de dictionnaires bibliques. Invariablement, la technique consiste à ne citer que le passage qui soutient le point de vue du mouvement en cachant la complexité et la variabilité de la signification des mots employés. En restituant intégralement les définitions contenues dans ces dictionnaires, on peut appréhender la multitude de sens que peuvent recouvrir ces termes: - Dans l'appendice 5C de leur Bible à référence (1996) ils citent le dictionnaire de Lewis et Short (A Latin Dictionnary, 1879) pour le mot crux en ne citant que la première partie de la définition principale alors qu'il n'y en a deux: celle qui emporte l'idée d'arbre ou potence est bien mentionnée,[46] mais l'autre qui se rapporte à la croix est omise.[47] - Le livre Comment Raisonner à partir des Écritures, 1985, dans l'article "Croix", à la page 77, cite The Imperial Bible Dictionnary, 1874, vol. I, p. 376 (également cité dans La Tour de Garde du 15 Aout 1987, page 22, article "La croix est-elle pour les chrétiens?"):
Toutefois, l'article complet de ce dictionnaire peut se traduire comme suit (en gras les passages omis):[48]
- Le Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Alexandre Westphal est cité de manière incomplète par l'encyclopédie jéhoviste Perspicacité, à la page 623, dans l' article "Poteau (être attaché sur un)"; voici en gras ce qui a été omis:[49]
- Dans le livre Comment raisonner à partir des Écritures des Témoins de Jéhovah, on peut noter une citation partielle et partiale d'un dictionnaire sur ce terme grec, dictionnaire qui éclaire justement le sens du mot:
Les points de suspension entre parenthèses mis en gras correspondent à la définition "instrument de torture" qui n'est mentionnée dans la citation du livre jéhoviste que par la fin de sa phrase "poteau sur lequel les criminels étaient empalés". La citation des Témoins de Jéhovah reprend bien chaque définition principale des six sens possibles de xylon, sauf sur ce point de "instrument de punition" où la citation ne reprend que la fin de la définition à savoir "poteau". En effet, si les Témoins montraient à leurs lecteurs que xylon peut signifier n'importe quel sorte d'instrument de torture ou d'exécution en bois, il faudrait reconnaître qu'il peut aussi désigner une croix, ce que déclare clairement ce dictionnaire et cela juste avant "poteau". Voici cette définition (en gras la partie tronquée):[50]
Images sorties de leur contexteUne autre technique similaire de la part de la Watch Tower consiste à se servir d'images totalement sorties de leur contexte. Un cas flagrant est l'illustration du livre De cruce liber de Justus Lipsius présentant un homme cloué à un poteau, et qui figure dans l'Appendice de la Bible à références de 1995 et dans La Tour de Garde du 1er mars 2011, page 18 (voir photo ci-contre), ce qui laisse à penser que l'auteur pensait que le Christ était mort de cette manière. Toutefois, certaines informations essentielles ne sont pas fournies au lecteur, notamment que...:
Sources anciennes et douteusesAfin de soutenir leur point de vue sur la croix, les Témoins de Jéhovah citent souvent plusieurs vieux livres à leur appui: The Companion Bible, publié à titre posthume en 1922 de Bullinger (qui inspira aussi Rutherford sur le nom "Jéhovah"), un livre de 1898 attribué à Parsons The Non-christian Cross, le livre de 1853 d'A. Hislop The Two Babylons et des passages de Vine. Outre l'ancienneté des sources, on peut relever le parti-pris de ces auteurs, entaché par leurs convictions personnelles:[51]
Ainsi, tous les auteurs cités correctement par la Watch Tower sur la question de la croix étaient soit des membres de Frères de Plymouth ou qui étaient étroitement associés à eux (Vine, Bullinger, Welch, Hislop), soit un spirite (Parsons) qui a directement influencé les premiers. Le point de vue de ces auteurs qui s'influençaient mutuellement relevait donc de conceptions théologiques particulières, et non d'un examen impartial de la question. SophismesLa Watch Tower rappelle fréquemment que la croix a une origine païenne et que les premiers chrétiens ne l'adoraient pas, ce qui, à son sens, constitue des arguments de poids qui justifieraient le rejet de la croix comme instrument de torture du Christ. Par exemple, La Tour de Garde du 1er mars 2011, pages 18 à 20, contient deux sous-thèmes de ce genre: "L'origine de la croix" et "Ce que croyaient les chrétiens du Ier siècle" (le premier sous-titre faisant référence à l'aspect étymologique). Toutefois, même si cela est vrai, il n'empêche qu'il s'agit là d'arguments fallacieux et d'incohérences qui peuvent se définir comme suit:
ConclusionLe principal, voire l'unique argument des Témoins de Jéhovah est celui de l'étymologie des termes grecs du Nouveau Testament, ainsi que certains termes latins. Après étude, il ressort que la plupart des mots en présence ne s'occupent pas de la forme de l'instrument de supplice qu'ils décrivent: Stauros, tout comme crux, peut très bien signifier un pieu, un poteau, une croix, la partie transversale d'une croix. Xylon est un terme générique pour gibet (en bois) qui n'indique rien sur la forme de celui-ci. Patibulum définit quelquefois la partie transversale d'une croix, mais parfois la totalité du gibet. Afin de cacher cette complexité à leurs lecteurs, les dirigeants Témoins de Jéhovah ont décidé de ne fournir qu'une partie des indications des dictionnaires qu'ils citent. Ils tentent de faire croire que les mots crux en latin et stauros en grec ne signifiaient au temps de Jésus que le terme "poteau". En fait, ces mots pouvaient déjà désigner un gibet en forme de croix. Références
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